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Charles Denner

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Charles Denner
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Charles Denner en 1966
Biographie
Naissance
Décès
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DreuxVoir et modifier les données sur Wikidata
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Service historique de la Défense - site de Vincennes (d) (GR 16 P 175353)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Vue de la sépulture au cimetière parisien de Bagneux.

Charles Denner, né le à Tarnów (Pologne) et mort le à Dreux (Eure-et-Loir), est un acteur français d'origine polonaise.

Acteur d'une carrière prolifique partageant théâtre et cinéma, il est notamment connu pour ses rôles dans les films Landru de Claude Chabrol, L'aventure c'est l'aventure de Claude Lelouch ou L'Homme qui aimait les femmes de François Truffaut.

Famille et formation

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Charles Denner nait en Pologne dans une famille juive s'exprimant en langue yiddish. Il est le fils de Joseph[1], tailleur de profession et Jenta Micenmacher. Il a une sœur aînée, Élise (1922-2015)[2], et deux frères, Alfred (1924-2012)[3] et Jacques. En 1930, la famille émigre en France.

Seconde Guerre mondiale

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Pendant la guerre, les Denner se réfugient à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze. En 1941 Charles Denner fait sa première apparition au cinéma, dans le rôle d'un valet dans Volpone de Maurice Tourneur. Le , son frère Alfred est arrêté et incarcéré au château de Ségur. Alerté par la famille, le rabbin de Brive, David Feuerwerker réussit à obtenir sa libération[4].

Charles et Alfred entrent dans la résistance, intégrant l'Armée Secrète de la France libre (AS) et ils participent ensemble aux combats du Vercors au C1 de Méaudre Charles, sous le pseudonyme de « Charles Dermat »[5]. Grièvement blessé à la colonne vertébrale lors d’une embuscade, il est décoré de la croix de guerre.

Carrière au théâtre

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En 1945, Charles Denner entre au cours d’art dramatique de Charles Dullin tout en gagnant sa vie comme tailleur, maroquinier et manutentionnaire comme fort des halles. Il commence sa carrière au théâtre chez Les Compagnons de l'Arche, nouvelle compagnie fondée sous l'Occupation, par André Marcovici et troupe attachée au renouveau du théâtre de culture juive. Il y joue dans quatre pièces, dont Le Dibbouk de An Ski (1946), Le Keroub et le mariage de Rachel (1947) et Tel Haï (1947), aux théâtres Edouard VII et La Bruyère. Cette première expérience des planches lui procurent les plus grandes satisfactions de sa carrière, comme il le relate lors d'entretiens avec la presse.

Il interprète au début des années 1949, le personnage d'un clown dans Les Mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire, mis en scène par Clément Harari. Le célèbre metteur en scène Jean Vilar, à la tête du Festival d'Avignon, remarque Denner. Le jeune comédien est dès lors admis au théâtre national de Chaillot, dans la troupe du Théâtre National Populaire, ultérieurement dirigée par Jean Vilar. Au Festival d'Avignon, il donne la réplique à Gérard Philipe en 1951 dans Le Prince de Hombourg de Kleist. Toujours pour le TNP, il joue avec Jeanne Moreau, François Périer, Michel Galabru et d'autres acteurs de la même génération, effectuant font comme lui, leur début dans ce haut lieu de l'art dramatique français.

Au tout début des années 1950, Charles Denner interprète la pièce Drame à Toulon - Henri Martin de Claude Martin et Henri Delmas, dont l'histoire relate la vie et le procès d'Henri Martin, un marin opposé à la guerre d'Indochine, condamné à cinq années de réclusion pour participation à une « entreprise de démoralisation de l'armée et de la nation[6],[7],[8]. » Paul Préboist, René-Louis Lafforgue, José Valverde et Antoine Vitez font partie de la troupe[9]. Les représentations sont victimes de la censure et interdites par plusieurs préfets[10] ou maires. Toutefois, l'interdiction est souvent déjouée car la pièce est donnée plus de trois cents fois.

En 1964 et au TNP dirigé par Georges Wilson, Denner donne est reconnu par la critique en incarnant l'un des rôles principaux, le personnage Matti, dans Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht, mis en scène et interprété par Georges Wilson, avec notamment Judith Magre. En 1966 puis en 1968, il incarne en duo avec Philippe Avron, le personnage Rogogine dans L'Idiot de Dostoïevski, mis en scène par André Barsacq au théâtre de l'Atelier, dont la version de 1968 est retransmise à la télévision française.

Charles Denner en 1958 (Studio Harcourt).

Comme baryton basse, son timbre puissant et particulier lui permet l'interprétation de trois chansons du disque 45 tours Chants Yiddish[11], recueillis, arrangés, harmonisés et orchestrés par Robert Cornman. Il interprète Dos lid fon'em Tanz Firer (le chant du meneur de danse), Cha Chtil (le Rabbin emmène ses disciples dans la danse), Aroïz iz in Wilna a naeir Bafehl (le nouvel édit de Vilna).

Carrière au cinéma

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En 1946, il fait de la figuration en soldat allemand, dans le court métrage de 28 minutes Rappel à la vie / Der Ruf tsum leben (en langue yiddish non sous-titrée pour sa version originale) réalisé par Maurice Wolf sous le pseudonyme de Saint Lou et Élie Davidson. En 1955, Yves Allégret lui offre un petit rôle dans La Meilleure Part, suivi deux ans plus tard, par Louis Malle pour son film Ascenseur pour l'échafaud.

Le réalisateur-auteur de la Nouvelle Vague Claude Chabrol remarque la composition de Denner pour incarner le personnage de Gori (Hermann Göring) dans La Résistible Ascension d'Arturo Ui de Bertolt Brecht monté en 1960 au TNP par Jean Vilar et Georges Wilson. À la suite d'essais filmés, il lui offre le rôle-titre du film Landru, sorti en 1963. Jusqu'alors souvent relégué depuis ses débuts dans des rôles de vieillards avec faux nez et perruque, il accepte sans hésiter de se raser le milieu du crâne et de se laisser pousser les favoris, pour incarner le tueur en série dont l'image est reconnaissable pour un très large public. Chabrol évoque un mélange de bonhommie et de terreur ayant contribué au succès de son interprétation et il ajoute s'être régalé à composer ce personnage de petit bourgeois assassinant avec une vraie ferveur domestique.

Grâce à son expérience de comédien de composition, il incarne une grande variété de personnages allant de l'anarchiste moral jusqu'au aux petit ou grand voyou, de l'apatride jusqu'à l'artiste ou aux séducteur. Il incarne ainsi le personnage de Filochard dans la comédie Les Pieds nickelés de Jean-Claude Chambon, déambule à la recherche de ses parents dans la ville de Montréal dans YUL 871 de Jacques Godbout, sombre dans une douce folie dans la fable philosophique La Vie à l'envers d'Alain Jessua, incarne l'une des victimes de la vengeance de Jeanne Moreau dans le drame policier La mariée était en noir de François Truffaut, adapté d'après le roman du même nom de l'écrivain William Irish ou encore aux côtés d'Yves Montand, Jacques Perrin, Jean-Louis Trintignant, Irène Papas, Bernard Fresson et François Périer pour jouer un rôle important dans le thriller politique Z de Costa-Gavras.

À partir des années 1970, il joue dans cinq films de Claude Lelouch dont le premier est Le Voyou. Il tient l'un des rôles principaux de L'aventure c'est l'aventure avec Lino Ventura, Jacques Brel, Aldo Maccione Charles Gérard et Johnny Hallyday et dans Si c'était à refaire avec Catherine Deneuve. Il donne la réplique à Jean-Paul Belmondo dans L'Héritier de Philippe Labro en 1973 puis, dans le film policier Un officier de police sans importance de Jean Larriaga, son personnage est enlevé par un pathétique trio composé de Marc Porel, Julian Negulesco et Dani. La même année, dans Les Gaspards de Pierre Tchernia, il incarne le ministre des travaux publics dont la ressemblance avec le portrait de Napoleon Bonaparte jeune, est astucieusement exploitée par le réalisateur.

En 1975, il retrouve Belmondo comme son adjoint, dans le film policier Peur sur la ville d'Henri Verneuil. En 1977, il tient le rôle principal de L'homme qui aimait les femmes de François Truffaut. L'année suivante, il est tête d'affiche, avec Jacques Villeret, de Robert et Robert, de Claude Lelouch. En 1982, il incarne un avocat dans le drame L'Honneur d'un capitaine de Pierre Schoendoerffer. En 1985, pour l'un de ses derniers rôles au cinéma, il campe la caricature d'un puissant producteur lassé par les caprices de sa chanteuse dans L'Unique de Jérôme Diamant-Berger.

Dernières années (1986-1995)

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En 1986, le cancer commence à affecter sa voix au moment où il monte pour la dernière fois sur scène, pour incarner Le Marionnettiste de Lodz, de Gilles Segal, mis en scène par Jean-Paul Roussillon. Ce one-man-show marque la fin de sa carrière. Malgré dix années d'épreuves et de traitements, il est en rémission d'un cancer de la gorge mais très affaibli, il meurt le . Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière parisien de Bagneux (division 107)[12].

Vie privée

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Charles Denner a été marié deux fois, d'abord avec Simone Jaquier puis avec Monique Voirriot (1932-2015), dite Maryse. De son premier mariage sont nés Charlet et Ethel.

Décoration

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Hommages posthumes

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Nathalie Rheims écrit L'un pour l'autre en 1999, autour de Charles Denner[13]. Un documentaire consacré à Charles Denner et intitulé Le Chercheur inquiet est réalisé par Avril Tembouret, en 2014[14]. En 2015 , ses enfants Ethel et Charlet, rendent hommage à sa vie et à son œuvre, en concevant et réalisant l'exposition Charles Denner commémorant les vingt ans de sa disparition, à l'hôtel Montulé de Dreux, durant trois mois. En septembre 2015, Charlet Denner publie La montagne en partage, entre père et fils, pour Charles Denner, roman auto-édité, à l'occasion de cette exposition.

Filmographie

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Nominations

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Télévision

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Notes et références

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Références

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  1. « Charles Denner, l'homme aux mille visages », sur Master II professionnel Multimédia interactif de l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne, (consulté le ).
  2. « matchID - Moteur de recherche des décès » (consulté le ).
  3. Françoise Héritier, Au gré des jours, 2017.
  4. Charles Denner. Sa vie – section 20 avril 1942 : L'arrestation, charles-denner.com, consulté le .
  5. Charles Denner, Mémoire des hommes – Portail culturel du ministère des Armées, consulté le .
  6. « Le jugement rendu à Toulon avait été cassé pour vice de forme », Le Monde,‎ .
  7. J.-M. Théolleyre, « Charles Heimburger fera cinq ans de prison », Le Monde,‎ .
  8. Alain Ruscio, « Libérez Henri Martin », L'Humanité,‎ .
  9. « Lire Drame à Toulon - Henri Martin », sur observatoiredelacensure.over-blog.com, (consulté le ).
  10. Philippe Roger, « La guerre froide sur le littoral du Pas-de-Calais : l'interdiction des représentations de Drame à Toulon à Calais en décembre 1951 », Revue du Nord, no 394,‎ , p. 187-197 (lire en ligne).
  11. Chant du Monde, 1958.
  12. Collectif Sarka-SPIP, « DENNER Charles (1926-1995) - Cimetières de France et d'ailleurs », sur landrucimetieres.fr (consulté le ).
  13. Fiche du livre sur le site de l'éditeur Galilée
  14. Fiche du film sur Imdb
  15. Voir sur imdb.com.

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Bibliographie

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Documentaire

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Liens externes

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