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AccueilRégionsNormandie201814 – CalvadosEscoville – Le Domaine du Parc

2018
14 – Calvados

Escoville – Le Domaine du Parc

Opération préventive de diagnostic (2018)
Responsable d’opération : David Flotté
Notice rédigée avec Loïc Ménager et Laurent Vipard

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Texte intégral

1Un projet de lotissement sur une superficie de 48 820 m2 a généré la mise en place d’un diagnostic archéologique. Escoville est une commune située à 9,5 km à l’est-nord-est du centre historique de Caen, sur le plateau dominant la rive droite de l’Orne. Les terrains qui nous concernent jouxtent la bordure nord de la zone bâtie d’Escoville. L’emprise est longée à l’ouest par la rue de Troarn et, à l’est, par le ruisseau de l’Aiguillon, affluent de l’Orne qui prend sa source non loin de là, dans le parc du château. Le diagnostic a permis de mettre en évidence une occupation sur l’ensemble de l’emprise au travers de l’identification de 153 structures fossoyées. Elles ne sont cependant pas uniformément réparties. La plupart sont inscrites dans un carré de 150 m de côté.

2En dehors d’une fosse en fente apparemment isolée, la plus ancienne occupation identifiée est matérialisée par un enclos pentagonal de 100 m de long et 80 m de large. Son fossé de contour est très inconstant dans ses profils, qui vont de la cuvette évasée à un profond profil en V, mais également en plan puisqu’un fossé de 0,60 m de large sert tout autant à le matérialiser que des fossés larges de 2,60 à 3,80 m. Les lots céramiques découverts dans le fossé ont livré une forme haute à épaule carénée et décor de casier associée à une écuelle à épaule médiane carénée, de la céramique peinte, et un décor digité sur panse qui évoque le corpus mis au jour à Caen, Zac de Beaulieu (Lepaumier, Marcigny 2003). Celui-ci est daté de la fin du vie s.-début du ve s. Les ressemblances ne s’arrêtent pas là entre les deux sites puisque l’enclos de Caen Beaulieu est également pentagonal. À Escoville comme à Caen, l’intérieur de l’enclos a livré peu de structures. La présence de céramique, d’éléments de faune, de fragments de terre cuite, ainsi que de cailloux et de petits blocs calcaires chauffés dans le fossé d’enclos plaide, sur les deux sites, en faveur d’une interprétation en enclos d’habitat. Une occupation du Haut-Empire est discrètement attestée par quelques lots de mobilier céramique, mis au jour dans un tronçon de fossé, dans deux fosses, ainsi que dans une large cuvette linéaire et un horizon de limon brun intermédiaire. La céramique est souvent accompagnée d’ossements animaux et parfois de fragments de tuile. Cette occupation se développe à proximité d’un fossé de type parcellaire orienté est-ouest et qui participe d’une ligne fossoyée à fossés multiples. Sur des critères d’orientation, nous associons à cet axe fossoyé (no 1) quatre autres axes (nos 2 à 5) parce qu’ils sont parallèles ou perpendiculaires à lui et parce que l’axe 2 est postérieur à l’enclos pentagonal. Ces quatre axes n’ont pas livré de mobilier.

3L’occupation des viiie-ixe s. est implantée au même endroit que l’occupation gallo-romaine. Quelques structures ponctuelles ont livré du mobilier qui renvoie à cette période. La céramique qui a permis de mettre en évidence la présence de cette occupation est faite presque exclusivement de pâtes sableuses, un trait typique des productions céramiques bas-normandes à partir du viiie s. Par ailleurs, les éléments de formes mis au jour, une cruche à bec ponté, un bord déversé à profil en amande, placent ce lot dans l’horizon chronologique des viiie-ixe s. Cette fourchette chronologique est large. Nous aurions pu la limiter à la première moitié du ixe s., mais la présence du bec ponté et d’un bandeau aminci nous ont incité à étendre la datation sur tout le ixe s. Cette occupation, concentrée dans les tranchées 5 et 6, se manifeste par un secteur à vocation probablement domestique dans la tranchée 6 (présence de céramique, de faune, de coquillages, de terre cuite dans les comblements) qui se développe de part et d’autre de l’axe 1 et par un secteur funéraire dans la tranchée 5 (cinq sépultures dont quatre d’enfants) à une vingtaine de mètres du secteur domestique. Pour cette occupation se pose le même problème que pour l’occupation gallo-romaine d’attribution à l’une des deux périodes des fosses dépourvues de mobilier qui parsèment les tranchées 5 et 6. La question se pose également pour les fosses des tranchées 7 et 8 en y ajoutant la possibilité d’une attribution à l’âge du Fer. Le nombre de ces structures non attribuées à l’une ou l’autre occupation s’élève à 31 et représente 20 % du corpus des structures mises au jour. La question est posée de la relation qui pourrait exister entre la trame parcellaire active à la période gallo-romaine et les vestiges du haut Moyen Âge.

4Un fossé rectiligne large de 3,50 m, à profil en V de 1,70 m de profondeur, traverse obliquement l’emprise. Ce fossé est représenté sur le cadastre napoléonien sous la forme d’une parcelle d’une dizaine de mètres de largeur. Il relie l’angle de l’étang du château à la RD 37. Ce fossé persiste dans le cadastre actuel sous la forme du trait de séparation entre les parcelles A 528p et A 29. Ce fossé implanté à la période moderne ou contemporaine semble lié à l’aménagement du château d’Escoville, avec ses retenues d’eau, sa grande allée et ce fossé entre autres. Le château est aujourd’hui détruit.

5Enfin, quelques traces de la Bataille de Normandie ont été mises au jour sous la forme de fosses contenant du mobilier métallique, généralement des boîtes de conserve et quelques éléments en verre. Les plus grandes, larges de 4,50 m et longues de 10 m ou de 5 x 2 m, correspondent à des fosses d’artillerie. D’autres fosses sont de taille plus modeste, et contenaient une pomme de douche, du bois, une barre d’acier boulonnée pour l’une, des bouteilles en verre brun fabriquées par la société Union Glass Bottles et ayant contenu des produits médicaux Wellcom chemical works pour une autre, semblent liées aux activités quotidiennes des soldats.

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Pour citer cet article

Référence électronique

David Flotté, Loïc Ménager et Laurent Vipard, « Escoville – Le Domaine du Parc » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Normandie, mis en ligne le 04 juin 2021, consulté le 09 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/74738

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Auteurs

David Flotté

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