LES ITALIENS EN NORMANDIE AU Xle SIECLE

Les chroniqueurs normands des Xle et Xlle siècles ont eu clairement conscience que la Normandie avait une dette considérable à l'égard des clercs venus d'Italie. Dans leurs ouvrages ils présentent des portraits flatteurs des plus illustres d'entre eux, comme Lanfranc ou Anselme. Orderic Vital écrit au début de son Histoire ecclésiastique :

« Auparavant, du temps des six premiers ducs de Neustrie, on eût difficilement trouvé un Normand qui se fût consacré aux études libérales et, en cette région, on ne rencontrait aucun homme de science, jusqu'à ce que Dieu, qui pourvoit à tout, fasse venir Lanfranc en Normandie. La renommée de son savoir se répandit alors à travers toute l'Europe : dès lors de nombreux clercs vinrent de France, de Gascogne, de Bretagne et de Flandre pour suivre son enseignement. »!

Un tel jugement exprime parfaitement l'admiration que les contemporains manifestaient à l'égard d'un maître illustre. Mais, pour accroître son mérite, il passe sous silence et même va jusqu'à nier l'action entreprise par ses nombreux devanciers, parmi lesquels se trouvaient également des Italiens.

Il convient donc de mettre en évidence les rapports qui ont existé au Xle siècle entre la Normandie et l'Italie, pour préciser quelles en furent les principales étapes et les acteurs privilégiés et pour apprécier l'influence que l'Italie a exercée sur la Normandie.

1. La première génération : Guillaume de Volpiano et ses disciples

Ce fut au tout début du Xle siècle que des relations suivies s'établirent entre la Normandie et l'Italie. Ces relations prirent la forme d'un double mouvement migratoire de nature très différente, l'un de la Normandie vers l'Italie du Sud, l'autre de l'Italie du Nord vers la Normandie. Le premier mettait sur les routes des chevaliers mercenaires, le second des clercs et des moines.

C'est en effet en 999, si l'on accepte les dates d'Aimé du Mont-Cassin dans son Historia Normannorum2, que quarante chevaliers-pèlerins revenant